3 aspects fondamentaux lors de l’idéation pour préparer l’industrialisation de son projet IoT
Les entreprises se rendent compte que le secteur IoT et ses technologies représentent beaucoup d’opportunités, et se lancent parfois dans un nombre important de Proof of Concepts tels que des usages de réalité augmentée pour les opérateurs, de la géolocalisation d’équipements, ou encore de la télémétrie à des fins de maintenance prédictive, sans que leur suite soit concluante à l’échelle de l’entreprise.
Deux principaux facteurs expliquent cette situation :
Premier facteur : le manque de maturité relative à la gouvernance des initiatives IoT portées entre la DSI et les métiers. L’habituelle opposition entre la nécessité d’industrialiser vs la nécessité de déployer rapidement une solution en réponse à un besoin.
Second facteur : la complexité du marché IoT qui est en plein foisonnement. A titre d’exemple il y a plus de 600 plateformes IoT existantes aujourd’hui avec des offres plus ou moins packagées sans compter les solutions à construire soi-même. Au niveau connectivité, l’arrivée du NB-IoT et du LTE-M ajoutent des possibilités mais aussi de la complexité pour les entreprises, les réseaux publics vs les réseaux privés… La liste est longue.
Les entreprises l’ont compris : il n’y a pas une unique façon de construire sa solution IoT de bout-en-bout, et tous ces choix techniques, fonctionnels et opérationnels doivent faire l’objet d’études.
Néanmoins, trois aspects doivent être pris en compte dès les phases d’idéation des usages IoT et de design macro des solutions associées afin de parvenir par la suite à des solutions exploitables sur le long terme et à grande échelle.
Le cas d’usage
L’usage est fondamental car il est le déclencheur du projet, ce sont l’usage et l’usager qui doivent être le prisme de toutes les réflexions. C’est dans cette approche que les méthodes de Design Thinking(2) et les stratégies orientées persona(3) se développent avec un objectif commun d’immersion et d’empathie auprès de l’usager, de ses problématiques et de ses habitudes.
Concrètement, les porteurs des projets IoT doivent commencer par engager les représentants des usagers au cours d’ateliers de brainstorming bien préparés et de co-construction afin de travailler ensemble sur l’émergence des problématiques et opportunités précises à adresser pour avoir une vue d’ensemble.
Puis dans un deuxième temps, il est nécessaire de détailler ensemble ces sujets au sens gains en abordant les gains opérationnels, financiers, processus, les notions d’urgence et de valeur business en apportant des éléments quantitatifs.
Enfin, il faut ouvrir les pistes de solutions technologiques de la chaîne de valeur IoT (capteur, connectivité, plateforme) en les mettant en regard avec les outils et compétences existants dans l’entreprise pour commencer à évaluer la faisabilité. Par exemple, il faut se demander s’il faut privilégier une solution prête à l’emploi et rapide à déployer, ou bien faire un pari sur le long terme et construire soi-même toutes ou partie des infrastructures ou bien emprunter une voie intermédiaire.
Les données
On parle de la donnée comme de l’“or noir” de notre siècle, et l’IoT n’en est pas exclu, bien au contraire ! Une fois tous les cas d’usage dans le périmètre ciblés et détaillés en termes techniques et fonctionnels, il faut s’atteler à la caractérisation de la donnée associée afin de compléter la compréhension de la faisabilité du projet IoT et de mettre en lumière les manques à combler lors des stratégies de design et de sourcing.
Il s’agit dans la pratique de définir la donnée utile et ses caractéristiques : de propriété, de criticité, de gouvernance générale et tout ce qui constituera son chemin. On parle ici de déterminer les notions de fréquence de remontée et rafraîchissement, de latence, d’enjeux d’intégrité et de performance générale attendue ainsi que des différentes briques macro nécessaires à son traitement (capteur, connectivité, stockage, traitements et analyses divers, comme le requêtage et le Machine Learning par exemple, les dépendances avec d’autres applications, et jusqu’à sa visualisation dans un souci final de Business Intelligence). C’est toujours du travail commun de la DSI et du métier que viendra la vision globale.
Le cycle de vie de la solution
À ce stade, la vision du ou des cas d’usage est consolidée avec les gains attendus, l’appréhension de leur faisabilité et les pistes de solutions. Ces dernières doivent être détaillées au sens stratégique en posant les bonnes questions quant aux critères de choix. Il faut alors prendre en compte toutes les phases du cycle de vie de la solution IoT en commençant par le pilote puis le déploiement en tenant compte des compétences internes nécessaires, du Time-to-Delivery, de l’intégration au SI existant (souvent assurés par un système d’API(4) dont la documentation doit être analysée)...
Il faut aussi appréhender la phase d’exploitation en analysant la partie capteurs :
leur mise à jour (la mise à jour Over-The-Air(5) est essentielle à la viabilité des projets et à leur industrialisation)
les intervention physiques, la maintenance
la durée de vie des batteries
la sécurité
l’approvisionnement et les achats
Il convient aussi d’étudier la capacité d’intégration de nouveaux services et utilisateurs, et jusqu’à la phase de décommissionnement et de réversibilité des applications et des données.
À la suite de cette phase d’idéation viendra la phase d’expérimentation qui apportera aussi son lot de questions, puis la phase d’industrialisation. Néanmoins il est possible d’aborder ces étapes sereinement en ayant une vision d’ensemble et en faisant les choix stratégiques adaptés dès les phases d’idéation et de design.
Et vous, avez-vous des initiatives IoT en ce moment ?
Nous préparons une session Navigacom Networking Group qui aura lieu le 8 décembre, comprenant un état de l’art, des éléments de méthode, un benchmark et bien sûr des retours d’expérience clients afin de partager les clés du succès de l’industrialisation des projets IoT.
LoRaWAN(1) : protocole de télécommunications sans fil à bas débit et faible consommation électrique des objets communicants
Design Thinking (2) : méthodologie innovante qui permet de transformer les idées et les projets en actions réelles et en prototypes tangibles
Persona (3) : personne fictive dotée de caractéristiques représentant un groupe cible utilisée dans les méthodes de Design Thinking ou encore de marketing
API (4) : acronyme signifiant “Application Programming Interface” désignant l’ensemble de définitions, règles et protocoles facilitant l’intégration de logiciels
Over-the-Air (5) : technologie de communication permettant de transférer des données à distance, notamment utilisée pour la mise à jour logiciel ou firmware d’objets connectés